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1968 1973 Saint-Etienne révolutionnaire

Tracts, brochures et contributions historiques sur le mouvement social révolutionnaire à Saint-Étienne entre 1968 et 1973, CAPCO - Comité d'Action pour le Pouvoir des Conseils Ouvriers, Groupe anar...

ANARS ET SITUS À LA FAC ENTRE 68 ET 71

Publié le 19 Juillet 2021 par Résistance verte in 1968-1973

Occupation de la Fac de lettre de Beaulier en mai 1968 (Paul Castella de face à droite)

 

Une composante libertaire de contestation culturelle en Lettres en 1968 à St Étienne.

À la fac de lettres, il existait une composante d’inspiration libertaire assez active, qui a fortement coloré le mouvement étudiant local, en mai 68, et dans une moindre mesure ensuite. Ses adeptes se distinguaient de l’anarchisme classique (qui avait sa place lui aussi) et se caractérisaient davantage par une volonté d’intervention sous l’angle d’une critique de la vie quotidienne. Ce petit groupe informel s’était constitué en 1967-68, essentiellement parmi des étudiants de Lettres modernes. Leurs centres d’intérêt allaient des arts plastiques à la musique rock en passant par le théâtre d’avant-garde ; certains étaient liés à la troupe du théâtre d’essai Kersaky, dont la plupart des mises en scène étaient dues à Alain Françon.
Ils trouvaient plus ou moins leur inspiration dans le surréalisme, le dadaïsme, le lettrisme avec le désir de mettre fin à une activité artistique séparée de la vie. Au cours de l’année 68, plusieurs furent alertés par la création du Mouvement du 22 mars à Nanterre, et se sensibilisèrent aux thématiques situationnistes, découvert notamment à travers "Le traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations" de Raoul Vaneigem, ou la brochure "De la misère en milieu étudiant".

C’est au sein de cette frange d’étudiant(e)s que se coopta l’essentiel du petit groupe qui, une fois prise la décision d’occuper la fac de lettres (le 22 mai 1968), fut le plus assidu dans l’occupation nocturne de celle-ci jusqu’à son évacuation par la police (le 29 juin) : Jacques Beauffet, Chantal Bouilhol, Michèle Bufferne, Paul Castella, Jean Chaperon, François et Jean Durantel, Eudes, Henri Laverny, François Maguin, Marthe Malzieu, Danièle Roure, Jeannine Thétier. Au total, une quinzaine de personnes si on y inclut ceux qui passaient plus occasionnellement (Yvars, Paul Bleton, Lionel Bourg). Leurs motivations n’étaient pas strictement identiques s’agissant des priorités politiques et leurs itinéraires divergeront par la suite. Paul Castella occupait une place à part en raison de son charisme, il apparaissait souvent comme le porte-parole de ce groupe, il avait d’ailleurs à ce moment le souci de contacts politiques extérieurs, notamment avec des responsables locaux du PSU (Huguette Bouchardeau ou André Garnier) ou de la CFDT. Il avait fait partie avant mai du CA de l’AGESE et en avait démissionné, mais ne jugeait pas sans intérêt une action au niveau de l’UNEF tant sur le plan local (contre le bureau UEC) qu’au niveau national puisqu’il accepta d’être mandaté au congrès de Marseille (fin décembre 68).

Il était encore présent à l’assemblée de l’UNEF de juin 69 où nous fumes élus au bureau de l’AGESE. Mais il se radicalisa en 1969-70, et dès lors se retira définitivement de l’UNEF, tournant d’ailleurs le dos à une action politique au sens classique pour appeler surtout à des happenings contestataires visant, entre autres, la Maison de la Culture...

Il fonda également en 1969 le CAPCO (Comité d’Action pour le Pouvoir des Conseils Ouvriers), qui regroupait autour de lui une poignée de sympathisants. Ce groupe fut à l’origine de quelques tracts incendiaires, co-rédigés parfois avec le groupe anar. En 1970, Paul Castella édita, avec deux proches, Jacques Beauffet et Maurice Fréchuret, une petite revue ronéotypée "La fête révolutionnaire" dont le titre dit bien l’intention*.

Le groupe anar comprenait d’autres étudiants en lettres, parfois un peu plus jeunes, parmi lesquels Loïc Glevarec, Michel Guinle, Michel Karpinski. Eux aussi étaient présents dans le mouvement étudiant, lors de la grève des langues en particulier, à travers un style d’action dont la dérision n’était pas absente…


* Paul Castella est décédé en 2017. Jacques Beauffet est devenu conservateur en chef du Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne. Maurice Fréchuret, lui aussi conservateur du Musée de Saint-Étienne, a dirigé ensuite le Musée Picasso d’Antibes.

http://inventin.lautre.net/livres.html#feterevolutionnaire

Témoignage de Jean-Paul MARTIN,
"Les ESU et le PSU stéphanois dans la tourmente de l’après-mai (1968 - 1971)",
Éditions du Croquant (extrait).

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